les Algériens payeront cash le transport des marchandises
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les Algériens payeront cash le transport des marchandises
les Algériens payeront cash le transport des marchandises
Au terme d’infructueuses démarches auprès des Douanes algériennes visant à obtenir le droit de transférer vers leurs pays respectifs les recettes des opérations de fret effectuées pour le compte d’importateurs algériens de janvier 2010 à ce jour, des armateurs internationaux – parmi lesquels les leaders mondiaux du fret maritime comme CMA-CGM, LSK, HK et Arkas – ont décidé d’imposer aux importateurs comme aux exportateurs algériens d’être payés d’avance et en devises. La date de prise d’effet de cette décision, fixée au 15 avril 2012, selon le journal français La Tribune, portera un coup dur à notre économie qui, non seulement, est dépendante des importations, mais aussi et surtout des navires étrangers. Si elle venait, comme c’est tout à fait probable, à être prise, cette décision produirait l’effet d’un embargo qui mettrait en évidence la vulnérabilité de notre pays et son incapacité à assurer par ses propres moyens ses approvisionnements.
La presse économique française cite le cas de CMA-CGM qui attend des autorisations pour le transfert de 100 millions de dollars, de Maersk en attente d’un visa des Douanes algériennes pour transférer 80 millions de dollars et d’Arkas, en quête d’un transfert de 60 millions de dollars. L’affaire aurait, selon le journal français La Tribune, pris des proportions diplomatiques. Les ambassadeurs de France, d’Espagne, d’Allemagne, de Suisse, d’Italie et de Turquie en Algérie auraient même adressé une lettre faisant part aux autorités algériennes de leurs inquiétudes au sujet de ces entraves aux transferts légaux des recettes des armateurs en sollicitant leur intervention pour résoudre rapidement ces problèmes qui grèvent lourdement la trésorerie des affréteurs concernés.
Toujours selon la même source, l’Union européenne et le gouvernement français se seraient saisis du dossier sans obtenir toutefois d’écho favorable auprès des autorités algériennes. La décision collective des armateurs étrangers est le résultat d’un contentieux portant sur le transfert de leurs recettes d’un montant cumulé d’environ 500 millions de dollars. La loi, notamment les règlements de la Banque d’Algérie, les y autorise on ne peut plus clairement. Depuis janvier 2010, une troublante décision des Douanes algériennes fait subitement, on ne sait dans quel but, obligation aux armateurs concernés d’encaisser les recettes de fret dans un délai ne devant en aucun cas excéder 3 mois à compter de la date d’escale du navire. Un délai à l’évidence trop court dans un pays aussi bureaucratique et procédurier que le nôtre, où il faut beaucoup plus de temps pour remplir toute la panoplie des formalités requises.
Tous les armateurs étrangers ont été de ce fait contraints de facturer, au-delà du délai imparti, les opérations de fret effectuées. Ils sont ainsi tombés sous le coup de l’interdiction de transfert pour des raisons imputables aux défaillances de la partie algérienne, qu’ils refusent d’endosser.
A ce grief à l’origine de la fronde des armateurs étrangers s’ajoute une autre décision des Douanes algériennes, tout aussi incongrue que la première, imposant une vérification systématique de toutes les factures des containers ayant franchi nos ports. Les armateurs, qui ne remettent nullement en cause le droit de contrôle dévolu à l’institution douanière, se plaignent par contre, à juste titre, des délais de vérification longs et fastidieux s’étalant parfois sur plusieurs mois du fait de l’insuffisance d’effectifs et de moyens affectés à ces contrôles exhaustifs.
Cette directive, qui a également pris effet à compter de janvier 2010, est à l’origine d’une accumulation sans précédent de dossiers ayant causé le blocage du transfert de sommes importantes représentant les montants des prestations de transport fournies ainsi que les frais de surestaries engendrés par le nombre effarant de containers en attente dans les ports algériens. Le montant du contentieux concernant le volet containers s’élèverait à lui seul à plus de 150 millions de dollars. Une perte sèche pour le pays, qui a la fâcheuse habitude de laisser traîner dans les enceintes portuaires des containers appartenant à des firmes étrangères qui les facturent à la journée et qui, de surcroît, les retournent à vide à leurs expéditeurs. Or, il n’échappe à personne que le fret par containers n’est rentable que si ces derniers arrivent chargés et repartent dans les mêmes conditions.
Il est bon de savoir que le coût du fret maritime a été d’environ 12 milliards de dollars en 2011, année durant laquelle l’Algérie avait importé pour près de 50 milliards de dollars. Il sera sans doute plus important cette année si l’on se réfère aux prévisions d’importation qui dépasseraient allégrement ce chiffre.
Il est tout de même regrettable qu’un pays qui a l’inestimable avantage d’avoir une côte maritime longue de 1200 km ne dispose que d’une dizaine de vieux navires appartenant à une entreprise publique irrémédiablement déstructurée, laissant un marché du fret aussi juteux aux mains des seuls armateurs étrangers qui saignent le pays en pratiquant des prix parmi les plus élevés du monde.
Nordine Grim
Journal El Watan du 05/04/2012
La presse économique française cite le cas de CMA-CGM qui attend des autorisations pour le transfert de 100 millions de dollars, de Maersk en attente d’un visa des Douanes algériennes pour transférer 80 millions de dollars et d’Arkas, en quête d’un transfert de 60 millions de dollars. L’affaire aurait, selon le journal français La Tribune, pris des proportions diplomatiques. Les ambassadeurs de France, d’Espagne, d’Allemagne, de Suisse, d’Italie et de Turquie en Algérie auraient même adressé une lettre faisant part aux autorités algériennes de leurs inquiétudes au sujet de ces entraves aux transferts légaux des recettes des armateurs en sollicitant leur intervention pour résoudre rapidement ces problèmes qui grèvent lourdement la trésorerie des affréteurs concernés.
Toujours selon la même source, l’Union européenne et le gouvernement français se seraient saisis du dossier sans obtenir toutefois d’écho favorable auprès des autorités algériennes. La décision collective des armateurs étrangers est le résultat d’un contentieux portant sur le transfert de leurs recettes d’un montant cumulé d’environ 500 millions de dollars. La loi, notamment les règlements de la Banque d’Algérie, les y autorise on ne peut plus clairement. Depuis janvier 2010, une troublante décision des Douanes algériennes fait subitement, on ne sait dans quel but, obligation aux armateurs concernés d’encaisser les recettes de fret dans un délai ne devant en aucun cas excéder 3 mois à compter de la date d’escale du navire. Un délai à l’évidence trop court dans un pays aussi bureaucratique et procédurier que le nôtre, où il faut beaucoup plus de temps pour remplir toute la panoplie des formalités requises.
Tous les armateurs étrangers ont été de ce fait contraints de facturer, au-delà du délai imparti, les opérations de fret effectuées. Ils sont ainsi tombés sous le coup de l’interdiction de transfert pour des raisons imputables aux défaillances de la partie algérienne, qu’ils refusent d’endosser.
A ce grief à l’origine de la fronde des armateurs étrangers s’ajoute une autre décision des Douanes algériennes, tout aussi incongrue que la première, imposant une vérification systématique de toutes les factures des containers ayant franchi nos ports. Les armateurs, qui ne remettent nullement en cause le droit de contrôle dévolu à l’institution douanière, se plaignent par contre, à juste titre, des délais de vérification longs et fastidieux s’étalant parfois sur plusieurs mois du fait de l’insuffisance d’effectifs et de moyens affectés à ces contrôles exhaustifs.
Cette directive, qui a également pris effet à compter de janvier 2010, est à l’origine d’une accumulation sans précédent de dossiers ayant causé le blocage du transfert de sommes importantes représentant les montants des prestations de transport fournies ainsi que les frais de surestaries engendrés par le nombre effarant de containers en attente dans les ports algériens. Le montant du contentieux concernant le volet containers s’élèverait à lui seul à plus de 150 millions de dollars. Une perte sèche pour le pays, qui a la fâcheuse habitude de laisser traîner dans les enceintes portuaires des containers appartenant à des firmes étrangères qui les facturent à la journée et qui, de surcroît, les retournent à vide à leurs expéditeurs. Or, il n’échappe à personne que le fret par containers n’est rentable que si ces derniers arrivent chargés et repartent dans les mêmes conditions.
Il est bon de savoir que le coût du fret maritime a été d’environ 12 milliards de dollars en 2011, année durant laquelle l’Algérie avait importé pour près de 50 milliards de dollars. Il sera sans doute plus important cette année si l’on se réfère aux prévisions d’importation qui dépasseraient allégrement ce chiffre.
Il est tout de même regrettable qu’un pays qui a l’inestimable avantage d’avoir une côte maritime longue de 1200 km ne dispose que d’une dizaine de vieux navires appartenant à une entreprise publique irrémédiablement déstructurée, laissant un marché du fret aussi juteux aux mains des seuls armateurs étrangers qui saignent le pays en pratiquant des prix parmi les plus élevés du monde.
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Journal El Watan du 05/04/2012
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